Au XIXe siècle, le roi Charles-Félix a privilégié l’idée de faire revivre l’ancienne église plutôt que celle d’en édifier une nouvelle. Il confie la mission à l’architecte piémontais Ernesto Melano de redonner à l’abbatiale l’aspect qu’elle présentait au début du XVIe siècle.
L’Abbaye est donc relevée dans le style néo-gothique flamboyant ou troubadour peu habituel. Ce style troubadour est un mouvement artistique dont il ne reste à ce jour que très peu d’édifices.
Ce style s’oppose à celui de l’église primitive cistercienne par l’exubérance des décors sculptés et par la richesse de l’ornementation tant sculpturale que picturale.
Le décor
La technique du STUC a été utilisée pour décorer l’église. Les murs et les voûtes en sont entièrement recouverts. Ces moulures représentent différents motifs empruntés au style troubadour : réseau de dentelles, festons, flammes, rosaces… Ce décor est souvent comparé aux ornements des lits de parade destinés à l’exposition des défunts de la famille princière.
L’abbaye d’Hautecombe nécropole de la famille de Savoie
En 1824, lorsque le roi Charles-Félix décide de sauver l’Abbaye de la ruine, il le fait en mémoire de ses ancêtres de la Maison de Savoie. Le souhait d’une harmonie avec les tombeaux et les cénotaphes détruits que Charles-Félix souhaite relever oriente le choix de l’architecture de l’église.
En effet, les tombeaux ont été détruits lors des dégradations de la Révolution française et lors de l’installation de la faïencerie dans l’église au début du XIXe siècle. Ils ont tous été sculptés au XIXe, à l’exception du tombeau de Louis de Savoie, seulement restauré.
Vous pourrez découvrir un grand nombre de tombeaux et de cénotaphes -monument funéraire qui ne contient pas de corps, élevé à la mémoire d’une personne ou d’un groupe de personnes, et dont la forme rappelle celle d’un tombeau- richement ornés et qui vous permettront de découvrir au fil de votre visite la Famille de Savoie.
A l’extérieur du mur d’enceinte de l’abbaye, près de l’embarcadère du lac du Bourget, se dresse la Grange Batelière construite à la fin du XIIe siècle, seul bâtiment qui subsiste de l’époque des premiers moines cisterciens.
Elle a été conçue pour abriter les bateaux des moines au rez-de-chaussée, et pour conserver les grains ainsi que la farine des moulins qui se situent non loin à l’étage. Ce bâtiment est aujourd’hui dédié à des expositions et à des évènements culturels. Tous les étés, le Conseil Général de Savoie organise une exposition qui permet de découvrir l’intérieur de ce bâtiment.
En souvenir du roi Charles-Félix et de la reine Marie-Christine qui ont refondé l’abbaye, deux statues ont été érigées de part et d’autre de la porte d’entrée.
LA STATUE DE CHARLES FELIX est l’œuvre du sculpteur Benoît Cacciatori qui a exécuté la plupart des statues de cette église. Il est figuré avec les attributs royaux ainsi qu’avec la Charte de fondation de l’Abbaye.
LA STATUE DE MARIE CHRISTINE a été confiée à Jean Albertoni. Elle est figurée en protectrice des arts et bienfaitrices des pauvres. Elle illustre la phrase tirée de la Bible : “Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite”. La sculpture est tirée d’un seul bloc de marbre de Carrare. La technique employée, la finesse du détail, les variétés d’effets font de cette statue une œuvre unique.
LA PIETA s’inspire de la Piéta de Michel-Ange mais évoque des attitudes du Christ et de la Vierge très différentes.
LES PLEUREUSES : 120 pleureuses très expressives et toutes différentes ornent les piliers de la nef ainsi que les cénotaphes. Elles figurent le deuil et la prière.
Le Retable de l’atelier du Piémontais Defendente Ferrari (vers 1520) est composé de quatre panneaux qui représentent des passages de la Bible. Le panneau principal présente l’Annonciation de l’Ange à la Vierge Marie. Les trois autres tableaux décrivent la Décollation (décapitation) de saint Jean-Baptiste, la mise au tombeau de Jésus et sa Présentation au Temple.
La Crucifixion (XIVe– XVe siècle), située dans la chapelle saint Michel, est peinte sur bois. Il s’agit de la porte de l’ancien tabernacle de l’abbaye d’Hautecombe. La grande qualité de cette œuvre illustre la finesse de l’ornementation des autels princiers de la Cour de Savoie.
La Lactation de saint Bernard (XVIe siècle), seul vestige d’un retable peint à l’huile dont les deux autres panneaux ont disparu, le tableau a été attribué a l’atelier de Defendete Ferrari. Ce panneau est remarquable par son thème peu fréquent ainsi que par la grande finesse de la composition et de la facture.
Les fresques sont principalement situées dans le chœur et le transept. Elles ont été réalisées par les Frères Vacca et par François Gonin. Elles ont pour thème des scènes de la vie de Jésus (dans le transept) ainsi que la vie de saint Bernard de Clairvaux et des moines cisterciens qui fondèrent l’abbaye (dans la voûte du chœur).
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