L’Abbaye médiévale

Un lieu retiré propice à une vie de prière et de silence
C’est au début du XIIe siècle (vers 1139) que l’abbé cistercien Amédée de Clermont fait construire l’église ainsi que les bâtiments de l’Abbaye d’Hautecombe à son emplacement actuel avec l’aide des comtes de Savoie. Depuis ce temps et jusqu’à maintenant l’abbaye fut toujours habitée par une communauté religieuse, mise à part une courte période durant la révolution française.

Hautecombe : la nécropole de la Maison de Savoie
C’est une comtesse de Savoie en 1174 qui fut la première inhumée dans l’église. Cette coutume sera poursuivie par la plupart de leurs descendants au XIIIe siècle, moins régulièrement par la suite et rompue au XVIe siècle. Après la Révolution Française, les dépouilles des membres de la famille de Savoie ont été rassemblés dans la chapelle des Princes.

Une période de déclin

Un âge d’or.
L’Abbaye va rayonner spirituellement et matériellement pendant 4 siècles. Plusieurs abbés réguliers de l’Abbaye ont une influence sur leur époque. Certains deviendront ainsi évêques et mêmes papes comme Célestin IV en 1241.

Réforme de la Commende.
A partir du XVe siècle, l’abbaye est confiée en gestion à des abbés commendataires qui ne résident pas sur place. Ces derniers étant plus disposés à profiter immédiatement des revenus de l’Abbaye que préoccupés par l’entretien et la vie spirituelle, elle se dégrade. Les vocations monastiques diminuent.

Un basculement
à la Révolution française

L’Abbaye tombe en ruines Les révolutionnaires français annexent la Savoie à la France en 1794. Ils chassent les derniers moines présents dans l’abbaye, qui est elle même déclarée bien national et pillée à deux reprises. Elle est alors transformée en faïencerie. Faute d’entretien, les bâtiments tombent en ruine.

Le courant romantique C’est de ces ruines que vont tomber amoureux de nombreux artistes qui contribuent à faire d’Hautecombe un haut lieu du romantisme. Lamartine y situe son roman autobiographique Raphaël (1849). Voici quelques extraits:

 » Ô lac ! rochers muets !
grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne

ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit,

gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos,
qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect

de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins,

et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux. « 

La refondation de l’Abbaye
au XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, la Savoie est restituée au royaume de Piémont-Sardaigne. En 1824, le Roi de Sardaigne, Charles-Félix, découvre les ruines de l’abbaye et prend alors la décision de la relever dans le style néogothique flamboyant. Charles-Félix et sa femme choisissent d’être enterrés dans la chapelle de Belley située à l’entrée de l’abbatiale. Hautecombe retrouve alors sa fonction de nécropole des souverains de Savoie.

L’abbaye est confiée aux moines cisterciens de la Consolata de Turin dès 1826, puis aux cisterciens français de Sénanque après le rattachement de la Savoie à la France en 1860. Des moines bénédictins de la Congrégation de Solesmes viennent ensuite s’installer en 1922.

Hautecombe aujourd’hui

Le dernier roi d’Italie, Umberto II, descendant de la famille de Savoie, reprend la tradition de ses ancêtres en choisissant Hautecombe comme dernière demeure. Il y est inhumé en 1983 et sa femme, Marie-Josée en 2001.

En 1992, la communauté du Chemin Neuf prend le relais sur la demande de l’archevêque de Chambéry, afin d’y poursuivre la vie de prière et d’accueil. Cette Congrégation catholique à vocation œcuménique, œuvre pour l’unité des chrétiens, des peuples, des familles, des hommes dans le monde entier.

Dans ce site magnifique, idéal pour prier, la Communauté accueille chaque année des jeunes du monde entier pour des cycles de formation allant de quelques semaines à plusieurs mois. Ces jeunes partagent la vie communautaire et la prière de la Communauté et reçoivent une formation biblique et spirituelle.

Photos: © CCN